Les peintures rupestres et pariétales du Yucatán

Publié le par La Cabeza de Hormiga

La vieille Europe n'a pas l'apanage des grottes peintes. Même si elles sont moins connues de nous que Lascaux, Chauvet, et leurs petites sœurs, les grottes du Yucatán révèlent des trésors insoupçonnés, des traces extraordinaires de la présence des anciens Mayas dans ces endroits secrets, dont l'accès est souvent enfoui au cœur de la jungle, ou au fond des cenotes*.

Un petit rappel étymologique: "rupestre" vient du latin "rupes", qui signifie "roche". On englobe donc dans l'art rupestre toute manifestation esthétique qui consiste à créer graphiquement, à l'aide de pigments et de substances diverses, sur les parois rocheuses, en extérieur . On utilise l'expression "art rupestre" à mauvais escient lorsqu'on parle de peintures ou graphismes retrouvés à l'intérieur de grotte. En effet, dans ce cas, on part "d'art pariétal", qui vient aussi du latin, bien sûr, "parietalis", qui signifie "relatif au mur", à la "paroi".

Cenote à Valladolid - crédit photo Dronepicr

Cenote à Valladolid - crédit photo Dronepicr

*Les Cenotes sont le résultat d'une évolution géologique, par effondrement de strates calcaires, en puits assez profond à ciel ouvert, de tailles très diverses, et remplis d'eau douce. Ils sont extrêmement nombreux dans cette région du Mexique, et malheureusement transformés par le tourisme en piscine, et dont l'impact (passage multiplié, produits solaires, bref, tout ce qu'engendre le tourisme de masse...) sur la biodiversité et les sites même n'est pas la meilleure chose qui ait pu leur arriver....

Revenons à nos peintures rupestro-pariétales. Le Yucatán, nous l'avons déjà évoqué plusieurs fois, est le berceau de la civilisation Maya. Ces derniers ont donc, évidemment, investi les moindres coins de leur territoire, y compris les grottes perdues au fond des cenotes. Les grottes de Loltùn sont celles dont on parlait le plus, avant la découverte il y a quelques mois par l'archéologue Sergio Grosjean Abimerhi et son équipe, d'une grande grotte qui cache une roche d'environ 15 mètres de long sur 5 mètres de haut. L'ouverture du gouffre, en pleine jungle, une descente de plus d'une dizaine de mètres, ont mené à la découverte de ce qui pourraient être les peintures murales les plus importantes du monde Maya. Ces peintures ne permettent pour l'instant pas de dater l'époque de leur origine, ni ce qu'elles signifient, malgré tout Sergio Grosjean Abimerhi précise qu'elles sont très importantes car elles livrent de nombreux éléments (oiseaux, mammifères, croix, figures géométriques, formes humaines, mains positives et négatives), et pourraient livrer de nouvelles informations sur les coutumes des Mayas.

crédit photo Sergio Grosjean Abimerhi

crédit photo Sergio Grosjean Abimerhi

Je souhaite, même si l'enjeu culturel est grand, et profondément important pour l'histoire et l'avenir de la culture des mayas d'aujourd'hui, que ces découvertes retournent à l'oubli, du moins l'oubli des autres. Je souhaite que ces trésors restent la propriété des Mayas, loin de l'afflux des autres, des touristes, qui n'en mesurent pas l'enjeu.
Sergio Grosjean Abimerhi lui même nous dit : " Sur le plan culturel, le Yucatán regorge de richesses, mais malheureusement, il n'y aucun intérêt pour les 3 niveaux du gouvernement (fédéral, étatique et municipal). Ils ne valorisent pas ou ne respectent pas les sites sacrés des Mayas, et fait certains ont été transformés en stations balnéaires"... L'archéologue évoque certains cenotes sacrés des Mayas (j'en parlais plus haut) ont été transformés en, base de loisirs... 

Petite note de bas de page: le reste du Mexique, et notamment la région de Tamaulipas, regorge de peintures rupestres. Je vous invite à consulter cet article sur le sujet. Bonne lecture.

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