Tepeyac, la naissance de Mexico

Publié le par La Cabeza de Hormiga

Restée curieusement dans l'ombre pendant près d'un siècle, symbole incontesté de l'unité du Mexique et objet d'une ferveur intarissable, La Virgen de Guadalupe, la Vierge de Tepeyac viendra embraser les esprits et aider les Créoles et les Indiens à se libérer de la domination espagnole. 

En 1519, les Espagnols partent de Castille avec autant de superstitions que possible, leurs idées bien affirmées de la religion catholique, et l'image, puissante, de la vierge Marie, considérée bien souvent comme le troisième membre de la Sainte Trinité. Elle bénéficie d'une aura considérable, protectrice et bienveillante. 

Virgen de Guadalupe - photo La Cabeza de Hormiga

Virgen de Guadalupe - photo La Cabeza de Hormiga

Les Espagnols diffusent leur effervescence à la population locale. Dans ce contexte, en 1531, un jeune Aztèque converti au catholicisme, nommé Juan Diego Cuauhtlatoatzin se trouve confronté à un phénomène étrange, alors qu'il se rend au monastère de Tlatelolco pour y suivre son instruction: une voix, féminine, lui ordonne de monter jusqu'en haut de la colline de Tepeyac. Arrivé au sommet, une silhouette, celle de la Vierge Marie, lui demande de se rendre chez l'évêque Zumarraga afin que celui ci fasse construire un sanctuaire ici même, en haut de Tepeyac. Econduit plusieurs fois par le prélat,  le jeune indien fait face à plusieurs reprises à ces apparitions de la Vierge, et enfin celle ci lui donne une preuve qu'il pourra présenter à l'évêque, et mener à bien le projet évoqué. En plein hiver, nous sommes en décembre, Juan Diego cueille des roses qu'il emballe délicatement dans sa cape, et les porte à Zumarraga. Lorsqu'il ouvre sa cape, les fleurs tombent, en laissant sur le tissu l'image du visage de la Vierge. La preuve est convaincante, l'évêque fait construire l'église. 

L’image de la tilma de Juan Diego est massivement représentée au Mexique. Carlos Jasso/X03028

L’image de la tilma de Juan Diego est massivement représentée au Mexique. Carlos Jasso/X03028

Curieusement, pendant près de 100 ans, cette histoire va rester discrète, presque inconnue. Le premier récit qui la mentionne ne semble avoir été écrit qu'au début du 17ème siècle. Rédigée en nahuatl, l’histoire de la Vierge de Guadalupe s'appelle Nican Mopohua. Loin des habituelles injonctions à se repentir et des promesses d'un au-delà, ce récit prône la compassion, le confort sur cette terre, notamment pour les plus nécessiteux. 

Statue de Juan Diego dans l'église San Juan Bautista, Coyoacán, DF - Première page du Nican mopohua, publié dans le Huei Tlamahuizoltica.Statue de Juan Diego dans l'église San Juan Bautista, Coyoacán, DF - Première page du Nican mopohua, publié dans le Huei Tlamahuizoltica.

Statue de Juan Diego dans l'église San Juan Bautista, Coyoacán, DF - Première page du Nican mopohua, publié dans le Huei Tlamahuizoltica.

En 1737, soit plus de deux siècles après l'apparition à Juan Diego, la Vierge se manifeste à nouveau sur la colline de Tepeyac. Par la suite, son succès auprès des Indiens ne se démentira plus. Le pays vient de vivre des années de maladie terrible qui ont coûté la vie à des dizaines de milliers d'Indiens. Le clergé décide de tenter des neuvaines à Tepeyac, après des résultats peu satisfaisants dans d'autres grandes églises du Mexique. Miracle, en quelques jours, l'épidémie s'enraye, le mythe naît, et le Sanctuaire ne désemplit plus. 

La foule rassemblée devant la Basilique de la Guadalupe

La foule rassemblée devant la Basilique de la Guadalupe

Aujourd'hui encore, le 12 décembre, les foules viennent en masse vénérer celle qui représente non seulement leur foi, mais la reconnaissance au yeux du monde d'un peuple tout entier, dont le sang a été si souvent versé, injustement. Un hommage à celle qui a su le reconnaître au travers des yeux de Juan Diego Cuauhtlatoatzin, il y a 500 ans. 

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